L’insurrection de la bonté

Dix ans après la deuxième guerre mondiale, la situation sanitaire et sociale de la France est déplorable. La situation du logement français est dramatique.

 

– 40% des logements sont surpeuplés.
– 1/5 des ménages vivent à l’hôtel ou en meublé.
– Il y a de nombreuses familles sans logis.

 

 Beaucoup de gens s’entassent dans des bidonvilles, des caravanes, des cabanes et même sous des tentes.

 

 

visite d'un bidonville
                                                                   L’ abbé Pierre visite un bidonville

 

Or l’hiver 53/54 est terrible – Les températures atteignent des records – Plusieurs personnes meurent de froid notamment des bébés. Ces conditions climatiques imposent la création d’hébergements d’urgence.

 

En janvier 54, l’abbé Pierre, par l’intermédiaire de son ami parlementaire, Léo Hamon, tente de faire voter par l’Assemblée nationale un amendemant pour affecter un milliard de francs à la construction de logements d’urgence. L’Assemblée  national rejette cet amendement.

 

C’est la mort d’une vieille femme, une nuit, boulevard Sébastopol à Paris qui est à l’origine de l’appel de l’abbé Pierre.

appel de l'abbé Pierre

 

https://www.youtube.com/watch?v=qVyspn7nH1o

 

Son appel entraîne une vague de générosité sans précédent.

En quelques jours, l’abbé Pierre reçoit l’équivalent de 18 millions d’euros ce qui est considérable.

 

La mobilisation de l’Abbé Pierre et la réaction de l’opinion publique à cet appel obligeront le gouvernement à construire des logements. Pour preuve, de 54 à 75, il y a un accroissement de 50 % du parc et une amélioration significative des conditions de logement.

En 54, l’argent récolté va permettre à Emmaüs de se doter d’une SA d’HLM.

– Achat de terrains et création de cités d’urgence – Ainsi en trois ans, 1500 logements sont construits + 400 en accession à la propriété.

 

Aujourd’hui, Bruno Morel directeur général d’Emmaüs Solidaire regrette que la pauvreté ne soit pas « une grande cause nationale » du gouvernement.

 

Les indicateurs sont alarmants:

  • 5 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire –
  • En Ile de France, le loyer peut représenter jusqu’à 50 % des dépenses des ménages.
  • De plus en plus de personnes sont fragilisées dans leur logement à cause de la cherté de l’énergie et des loyers.
  • En France, 142 000 sans abris50 % de plus de SDF en 10 ans
  • Le 115 (Samu social) qui gère l’hébergement d’urgence est saturé tous les jours.
  • 4 millions de mal-logés
  • Les expulsions locatives ont atteint des records en 2017 – 106 % d’augmentation en 15 ans.

 

En même temps:

Rappelons:

 – L’évasion fiscale est estimée à 100 milliards

 – Suppression de l’ISF ( 5 milliards)

 – Création de l’IFI (1,2 milliard) L’impôt sur la fortune (biens mobiliers et immobiliers) a été remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière…

 

Le logement, les sans abris, les personnes âgées, les handicapés, les migrants, les familles mono-parentales, les sortants de prison sont les grands exclus du plan pauvreté présenté en septembre 2018.

 

Et les autres?

 

Ceux à qui on a baissé l’APL, supprimé leur emploi (aidé), désindéxé leur pension, leur APL et les allocations familiales ( 2019 et 2020), les retraités qui subissent une hausse de la CSG de 25% (la CSG est passée de 6,6% à 8,3%), les 7 000 000 de personnes qui connaissent la précarité énergétique (pour beaucoup d’entre eux, c’est manger ou se chauffer).

Ces mesures parmi d’autres encore ne font qu’aggraver les conditions de vie de la population.

 

En ce 1er février 2019, l’abbé Pierre nous manque

 

Pourtant la France est un pays riche mais la pauveté depuis les années 60 n’a jamais été aussi importante.

 

65 ans après l’appel de l’abbé Pierre

on constate

 

– des milliers de sans abris qui peuplent les trottoirs des villes, les bois ..

– des bidonvilles qui se créent aux portes de Paris, sous les échangeurs, les ponts ferroviaires…

– des familles avec enfants qui couchent dehors faute de places dans les centres d’hébergement d’urgence

– des travailleurs pauvres qui vivent dans leur voiture (le travail ne protège plus de la misère)

 

En 1954, l’abbé Pierre et l’opinion publique avaient réussi à infléchir la politique des pouvoirs publics  en matière de logement.

 

Qu’en serait-il aujourd’hui ?

 

Vu dans la revue de presse d’Emmaüs-France du 30 janvier:

 

 

appel de Saint-Jean-de-Linières
                                    Membres de la communauté de Saint-Jean-de-Linières

 

Les membres de la communauté de Saint-Jean-de-Linières (Maine et Loire) ont décidé d’interpeller les élus de la région angevine afin de réveiller les consciences.

Ils expliquent: « L’appel de l’abbé Pierre est plus que jamais d’actualité.

65 ans plus tard, des hommes dorment dans la rue à côté de bancs sur lesquels ils ne peuvent pas s’allonger car inaccessibles (mobilier urbain anti-SDF) – des bébés sont  à la rue.  »

Et pour dénoncer cette situation intolérable, ils ont réalisé une vidéo dans laquelle ils mettent en scène un appel dont le fil conducteur est « mes amis, au secours ». Ils font le parallèle entre 54 et aujourd’hui. Elle sera envoyée à tous les élus de la région.

 

Tous les chiffres indiqués sont issus des revues de presse d’Emmaüs-France.