Ce texte est écrit par Elisabeth, bénévole à Cergy, il est consacré au personnage de l’Abbé Pierre et à la création du Mouvement Emmaüs à la suite d’une formation à Emmaüs France.

 

Résumé n°1

 

1) Présentation d’Emmaüs dans le champ des associations humanitaires et de solidarité depuis le XIXème siècle

 

  • Solidarité en France

A) Les associations généralistes

  • La Croix Rouge est née en 1854 sur le champ de bataille de Solférino – Henri
    Dunant – Suisse.
  • Le Secours populaire né en 1945 il est l’héritier de grands mouvements populaires de l’entre deux-guerres.
  • Le Secours catholique – créé en 1946 par l’Abbé Jean Rodhain.
  • Emmaüs créé par l’Abbé Pierre en 1949.

 

B) Les associations spécialistes

Charité XIXème siècle

 

Distribution alimentaire pour répondre à la crise économique et sociale des années 80

  • Banques alimentaires (1984)
  • Les Restaurants du cœur (1985) Coluche

 

 

  • Solidarité à l’étranger

Trois types d’associations :

A) Associations chrétiennes comme le CCFD Terre Solidaire.

B) Associations humanitaires d’urgence – Médecins sans frontièresMédecins du
monde.

C) Associations humanitaires – Droits de l’hommeAmnesty International.

2) Henri Grouès dit l’Abbé Pierre

Quelques dates importantes : l’Abbé Pierre avant Emmaüs

  • 1912 : Naissance d’Henri Grouès dit l’Abbé Pierre dans une famille bourgeoise à Lyon. Sa famille est très catholique. Il est de santé fragile.
  • 1938 : Il est ordonné prêtre.
  • 1942/1943 : Il fait son entrée dans la Résistance. Il cache des Juifs, leur fournit de faux papiers et les passe en Suisse. L’Abbé Pierre est un de ses noms de code. Il rencontre Lucie Coutaz (1899-1982), syndicaliste à la CFTC. Elle deviendra la secrétaire de l’Abbé Pierre. Cet engagement résistant est fondamental pour comprendre l’aura de l’Abbé Pierre au sortir de la guerre. Il explique aussi en partie le fait que l’abbé Pierre a su « désobéir » à la loi quand celle-ci entravait son action en faveur des plus pauvres. Emmaüs, si besoin est,entend braver la loi.

 

Je cite :

« Il faut oser penser et savoir regarder vers une autorité plus haute que celles qui ne sont qu’humaines . » Abbé Pierre

  • 1945/1951 : Il devient député du MRP (mouvement républicain populaire) à l’assemblée nationale constituante dont il démissionne en 1950 à la suite de la répression sanglante d’une grève à Brest qui le laisse « révolté », comme il s’en explique dans une lettre adressée au président de son groupe parlementaire.
  • 1951 : Marque la fin de sa carrière politique.

 

3) Les débuts du Mouvement d’Emmaüs

  • Eté 1949 : L’Abbé Pierre achète une maison à Neuilly-Plaisance. Il la nomme Emmaüs en référence à l’épisode biblique d’Emmaüs. Elle devient une auberge de jeunesse internationale pour la réconciliation de la jeunesse des pays d’Europe. Toujours en 1949, il rencontre Georges ex bagnard qui a tenté de se suicider. Il lui dit :

 

« Je ne peux rien te donner. J’ai renoncé à mon héritage. Je n’ai que des dettes. Mais toi qui n’as rien, au lieu de mourir, viens m’aider à aider. » 

 

Emmaüs ne veut pas tant proposer de quoi vivre qu’une raison de vivre. L’Abbé Pierre met ceux qui n’ont plus rien en situation de donner. L’Abbé Pierre redonne espoir à Georges. D’autres vont suivre et devenir compagnons.

Au sortir de la guerre, la France manque cruellement de logements. La situation est particulièrement critique en région parisienne. Privés d’emploi ou trop peu payés pour assurer un loyer, des pères de famille se réfugient avec femme et enfants dans les bidonvilles qui ont surgi en périphérie de la capitale. Les compagnons installent des abris de fortune puis construisent des logements en dur pour des familles sans toit. Ils deviennent bâtisseurs.

Puis, à partir de 1951, la perte de l’indemnité de député de l’abbé Pierre va rendre la situation de la petite communauté intenable (plus d’argent). Un compagnon ancien chiffonnier propose à l’Abbé Pierre de faire la « biffe » (ramassage au crochet dans les poubelles). Ensuite, la communauté va se recentrer sur la « chine » (tournées de récupération dans les caves et greniers)

C’est ainsi que de bâtisseurs, les compagnons sont devenus aussi chiffonniers.

 

  • L’appel de février 1954

L’hiver 54 est particulièrement rigoureux – La crise du logement perdure. Le lundi 1er février, une femme expulsée de son logis meurt sur le trottoir du boulevard Sébastopol. L’Abbé lance son appel qui deviendra très célèbre. Le succès est immédiat.

Pourquoi ?

– La crise du logement touche une majorité de familles
– La femme morte (preuve)
– Statut de son auteur : curé, député et résistant
– Propositions de solutions simples et immédiates

  • La mobilisation est exceptionnelle.

Lors du bilan du mois de mars (concernant les dons), le milliard est dépassé (en incluant les dons en nature) soit l’équivalent de 17, 6 millions d’euros – somme considérable – La situation sera difficile à gérer. L’Abbé Pierre se sent animateur mais pas gestionnaire.

Une association atypique

On remarque qu’Emmaüs des débuts devient une entreprise de constructions largement illégales. Pour faire face aux famille sans logis, les compagnons bâtissent souvent sans permis.

 

« Quand la loi est ainsi faite que, pour des travailleurs, avec leur salaire légal, il leur est impossible d’avoir un logis, alors ce qui est illégal, ce n’est pas d’entreprendre une construction sans permis, c’est la loi qui est illégale. La loi doit répondre aux besoins des hommes en commençant par les plus petits. » Abbé Pierre

Cette invocation de la légitimité qui l’emporte sur la légalité constitue un des fondements du mouvement Emmaüs et aussi son originalité au regard des autres associations (citées plus haut) légalistes.

Ainsi se termine la première partie de mon exposé.

 


Résumé n°2

 

Les années 54 à 58

Après l’appel du 1er février 54, une nouvelle organisation du mouvement Emmaüs s’impose à cause de la croissance considérable :

  • Des moyens financiers
  • De l’audience d’Emmaüs dans l’opinion publique

Une association « association Emmaüs » est créée pour coordonner l’ensemble des activités. L’abbé Pierre rallie autour de lui des notables et des personnalités :

– Avocats
– Notaires
– Patrons
– Conseillers d’état
– Financiers

Ces personnes vont rentrer dans le CA de l’association. A partir de là, deux mondes vont s’opposer à savoir les compagnons de la 1ère heure (SDF, « bras cassés », inaptes au travail…) et ces notables dont les
méthodes de gestion différent de celles adoptées jusqu’à maintenant.

Il faut souligner que la situation n’est plus la même. En mars 54, le milliard soit l’équivalent de 17,6 millions d’euros actuels est dépassé. Pour gérer tout cet argent, la mise en place d’une nouvelle organisation est nécessaire :

– Achat d’un immeuble à Paris au 32 rue des Bourdonnais.
– Des secrétaires sont nommés pour coiffer les différents secteurs.

À savoir :

  • Les communautés – fixer les racines.
  • Les constructions – le logement – le temps de l’urgence.
  • Le secours d’urgence – les comités d’urgence d’aide aux sans logis.
  • Le journal.
  • Le service de comptabilité et de gestion.

 

1) Les communautés

Après l’appel de l’abbé Pierre, elles se développent. Elles sont lieu de vie et d’engagement et s’adaptent à toutes les luttes. Les débuts sont difficiles car leur croissance est trop rapide. Le problème se pose
au niveau des responsables qui sont peu qualifiés, peu solides et parfois malhonnêtes. Des scandales locaux éclatent ce qui entrave le bon fonctionnement de l’ensemble et l’image d’Emmaüs.

D’où la nécessité de règles :

  • Un minimum de formation pour les responsables
  • Obligation dans chaque communauté d’établir un rapport hebdomadaire sur les effectifs et la comptabilité. Cette règle est vite abandonnée car étouffante.
  • Chaque communauté doit se doter d’un statut loi 1901 sous la responsabilité d’un CA d’amis.

 

2) Les constructions – le logement – le temps de l’urgence

  • Constat

Au lendemain de la guerre, la situation du logement français est dramatique.

– 40% des logements sont surpeuplés.
– 1/5 des ménages vivent à l’hôtel ou en meublé.
– Il y a de nombreuses familles sans logis – présence de bidonvilles à la périphérie des villes.

  • Les raisons

– Avant guerre, c’est une conception libérale du logement qui prévaut. L’État n’intervient pas.
– Il y a eu la grande récession des années 30 pendant lesquelles il n’y a pas eu de constructions.
– les dommages de la guerre. (logements endommagés ou détruits)
– le parc locatif est peu rentable.

Manque cruel de logements – vétusté et insalubrité de beaucoup d’entre eux – La situation s’aggrave avec le baby-boom et l’exode rural.

  • Les mesures gouvernementales pendant la période 1945-1954

1948-1952 : Ministre Claudius Petit.

– Création d’un train de mesures fiscales pour relancer la construction de logements
– Passage des HBM (habitation bon marché) aux HLM (habitation à loyer modéré)

1953 : Nouveau ministre, Pierre Courant.

Le logement est une des priorités des pouvoirs publics. Plan :

– Volonté de construire 240 000 logement/an
– Création de logécos
– Modernisation du bâtiment
– Instauration du 1 % patrona

  • Bilan début année 54

Force est de constater que la relance est loin d’être satisfaisante. L’urgence demeure. La mobilisation de l’Abbé Pierre et la réaction de l’opinion publique à son appel du 1er février 54 obligeront le gouvernement à un engagement plus important. Pour preuve, de 54 à 75, il y a un accroissement de 50 % du parc et une amélioration significative des conditions de logement.

 

  • L’action d’Emmaüs

Au tout début du mouvement d’Emmaüs, les compagnons étaient des bâtisseurs (à petite échelle). En 54, l’argent récolté va permettre de passer à la vitesse supérieure. Ainsi, pour répondre au drame au jour le jour du manque de logements, Emmaüs se dote d’une SA d’HLM.

– Achat de terrains et création de cités d’urgence – malfaçons importantes car construction trop rapide. Ainsi en trois ans, 1500 logements sont construits + 400 en accession à la propriété.

 

  • Le secours d’urgence

Dans son appel de 54, l’Abbé Pierre invite la population à créer des comités d’urgence d’aide aux sans logis. Je cite l’abbé Pierre :

 

« Devant une catastrophe nationale, il faut une mobilisation sous la forme d’une convergence de l’initiative privée et de l’action gouvernementale. C’est par cette tâche d’éducation de l’opinion publique que nous aboutirons à éduquer nos gouvernants »

 

Ce sont 144 comités et 26 centres d’accueil qui sont ainsi créés en peu de temps – 5000 familles sont relogées.

Dès décembre 54, il est décidé de transposer le problème du logement sur le plan politique :

A) d’un côté

– Aide juridique.
– Campagnes d’information.

 

B) de l’autre action sur les pouvoirs publics

Revendication :
– Droit au logement légalement adopté 35 ans après
Préconisation :
– Extension des réquisitions
– Absence d’expulsions sans relogement

Une charte en 14 points est proposée aux différents candidats de la campagne électorale de 56 – la charte est signée par les députés du MRP, de la SFIO et de la Jeune République – vote d’une loi interdisant l’absence d’expulsion sans relogement l’hiver et une autre instituant la réquisition de locaux professionnels et commerciaux.

 

C) Création de squats – illégale mais nécessaire au vu de la situation – réaction du gouvernement – fin des squats en 56.

Comme on le voit, pendant ces années, Emmaüs diversifie ses activités : la création de l’association Emmaüs, d’une SA d’HLM, l’achat de terrains et la construction de logements d’urgence, l’extension des communautés, la création de comités d’aide d’urgence aux sans logis et de squats.

 

  • L’implosion

Mais ces années sont aussi des années de grande turbulence pour le mouvement Emmaüs – années noires – années conflictuelles – fractures qui dureront pendant des décennies.

Les raisons, deux méthodes s’affrontent :

  • L’éthique de conviction (Abbé Pierre – compagnons de la première heure – esprit aventureux – présence sur le terrain)
  • L’éthique de responsabilité (rue des Bourdonnais – des personnalités rodées à la gestion, aux responsabilités – indispensables à la survie d’Emmaüs – consolident les
    bases)

En outre : L’Abbé Pierre est très affaibli par tous les combats qu’il a menés – longues périodes d’hospitalisation – nombreuses opérations – donc de longues absences. De plus : Il anime mais il ne sait ni organiser ni arbitrer les conflits, les rivalités… (de son propre aveu).

– L’église va essayer de récupérer le Mouvement.
– La faillibilité de l’abbé au regard de son voeu ecclésiastique de chasteté.

Aujourd’hui, cela sonne comme un aveu d’humanité, à l’époque, c’était perçu comme moralement inacceptable et source de scandale. Ce fut un sujet tabou longtemps. L’Abbé dévoilera ce secret en 2005. Je le cite :

 

« J’ai connu l’expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction, mais cette satisfaction fut une vraie source d’insatisfaction car je sentais que je n’étais pas vrai. »

Une fois remis de ses hospitalisations, l’Abbé Pierre part à l’étranger porter le message d’Emmaüs. Il s’y consacrera pendant une vingtaine d’années. Impression personnelle : Le chapitre sur l’implosion est très intéressant. Les événements qui sont ici relatés sont inconnus du grand public.
Fin du résumé n° 2.

 


Résumé n°3

 

Les années 60 et 70

  • Préambule

 

Emmaüs s’implante dans la France entière et aussi dans le monde. L’abbé Pierre sillonne le monde pour diffuser la parole d’Emmaüs.

Plan :

1) La SA d’HLM d’Emmaüs continue à construire.
2) Les communautés : deux modèles différents s’imposent : l’UCC et l’UACE.
3) Les communautés itinérantes – les camps de jeunesles communautés du Nord Emmaüs-libertéEmmaüs-Fraternité1968 et l’utopie communautaire.

1) Les HLM et l’essor du logement social

De nouvelles raisons viennent accroître les demandes de logement.

– Augmentation de l’espérance de vie.
– Afflux des rapatriés d’Algérie.

Le gouvernement se lance dans la construction massive de grands ensembles – 1954 à 1975 : neuf millions de logements soit une augmentation du parc de 50%. Optique plus quantitative que qualitative – plus de fabrication artisanale – production industrielle (préfabriqués – répétition des plans – produits standartisés…)

La SA d’HLM d’Emmaüs va suivre cette croissance. Elle possède en 54 : 250 logements. En 75 : 7900 logements
Pourtant, elle doit faire face à des difficultés :

– Il faut entrer dans une phase de construction de logements plus durables et remplacer les cités d’urgence.
– Lutter contre les impayés.
– La SA est un petite société qui doit faire face à de grandes entreprises de construction.
(concentration)
– Raréfaction des terrains en région parisienne.

2) Les communautés

Présence de dissensions dans le monde communautaire. Ces scissions vont durer 30 ans. Les premières communautés se sont créées autour de Paris, puis ce sera la Normandie, la Bretagne, l’Alsace, le Massif Central, le Nord…

Les conflits sont de nature territoriale, humaine et idéologique. Deux fédérations se créent :

– L’UCC union centrale des communautés – éthique de responsabilité et développement centripète – Les communautés UCC prennent du recul par rapport à l’abbé Pierre.
– l’UACE union des amis et compagnons d’Emmaüs – éthique de conviction et développement centrifuge. Les communautés de l’UACE sont très proches de l’abbé Pierre – Il s’agit de « conserver le dynamisme de l’esprit des origines et de mettre en place le minimum d’organisation nécessaire à la pérennité de notre action. »

Voici un tableau qui résume bien les caractéristiques de chaque fédérations.

 

tableau

 

3A) les communautés itinérantes

C’est Paul Desort appelé aussi Paul de Normandie qui fut à l’origine de ces communautés. A partir d’un noyau préexistant, il y avait une prospection dans des territoires vierges de toute implantation. Info de la population et ramassage et si possible création d’une structure pérenne. Ce fut d’abord Amiens, Caen, Alençon…

Les buts étaient les suivants :

– Faire vibrer les compagnons.
– Sortir du vécu – de l’ordinaire – se dépasser.
– Revivre l’aventure des débuts – nomadisme.

La sédentarisation des communautés UACE fut très progressive. En 79, les deux fédérations comptaient presque le même nombre de communautés :

– 17 communautés UACE.
– 19 communautés UCC.

3B) Les camps de jeunes

Une structure naît à partir de l’itinérance, c’est le camp de jeunes. Le concept est né en 1963 et a connu un essor croissant jusqu’en 1970. Les jeunes avaient au moins 18 ans, devaient participer aux activités du camp au moins 18 jours. Bénévoles, ils étaient nourris, logés. Le travail consistait à ramasser chiffons et vieux papiers, ferrailles et objets puis ensuite tout était trié, nettoyé et classé.

L’argent récolté servait à :

– Des actions sociales locales.
– Développer des communautés en France et dans le monde.
– Aider les pays en voie de développement.

Ces camps de jeunes ont permis de recruter toute une génération de responsables.

3C) Les communautés du Nord (principalement dans le Nord-Pas-de-Calais)

Elles sont indépendantes de toute affiliation. Les tentatives d’union avortent. Elles choisissent le quantitatif au dépens du qualitatif – confort très sommaire – le poids du religieux y est fort.

 

3D) Emmaüs liberté

Structure créée par Henri le Boursicaud. C’est un prêtre politisé, il fut prêtre au travail – s’ouvre aux milieux syndicalistes – fréquente le mouvement de la paix (d’obédience communiste) et veut fonder son propre courant.

– Créations de petites communautés de 10 à 20 compagnons
– Petit nombre de communautés (6 maximum)
– Minimum de confort dans les communautés
– Maximum de solidarité extérieure
– Libération de l’homme ( par rapport à l’alcool, à l’argent, à l’autoritarisme et au paternalisme des amis)
– Égalité totale au sein des communautés – pas de hiérarchie.

3E) Emmaüs fraternité

Cette structure naît d’Yves Godart.

Ses caractéristiques :

– Communauté tenue par un couple avec enfants. Elle accueille des couples.
– Garde les compagnons âgés et/ou invalides et leur accorde une place importante.
– Refus du statut de salarié
– Peu de confort
– Diversification des activités : élevage et culture

Les communautés de Poitiers, la Roche-sur-Yon et Naintré créent Emmaüs Fraternité.

 

3F) Emmaüs et l’esprit de mai 68

Liberté et Fraternité sont les deux structures qui s’inscrivent le mieux dans le courant de mai 68 :

– Le vivre ensemble remplace l’autorité. Pas de hiérarchie.
– Revendication affirmée de l’identité chrétienne
– La chose politique est revendiquée

Quelques slogans : « changer la vie » – « révolution non violente » contre tout asservissement – travailler ensemble – être solidaire.

 

  • L’UCC et l’esprit mai 68

Nouvelle génération de responsables qui sont habités par les utopies du moment. Dans certaines communautés, les responsables imposent un mode de vie alternatif à la société capitaliste et de consommation.
Cela pose problème au sein de la fédération de l’UCC – dérive sectaire diront certains.

Le rapport au politique gagne aussi l’UCC. Des questions se posent au sujet des amis et des bénévoles d’Emmaüs à savoir :

Un ami ou un bénévole peut-il rester neutre socialement et politiquement ?

La réponse est non pourquoi ? Notre adhésion aux valeurs du mouvement Emmaüs implique de penser et d’agir avec ceux qui luttent contre toutes les formes d’asservissement (profit, exploitation, discrimination, conditions de logement, alcoolisme…) à l’extérieur du mouvement. Il est de notre devoir de ne pas rester indifférents car notre action dans ce cas est limitée et paternaliste.

En dedans, la neutralité politique reste un dogme. Il s’agit de concilier pour chacun militantisme dans le mouvement Emmaüs et prise de position sur les problèmes sans pour autant s’afficher para partisan.

Quelques chiffres sociologiques :

– Les amis étaient dans les années 50 et 60 des industriels ou ingénieurs.
– Les amis dans les années 70 étaient des employés et ouvriers et quelques cadres.

Les femmes entrent dans les CA dans les années 70.

 

Bilan :

Le mouvement Emmaüs est très clivé. Les deux fédérations l’UCC et l’UACE ne se parlent plus. De nouvelles structures ont été créées avec l’approbation de l’Abbé Pierre. Deux générations de responsables et de communautés coexistent – communautés des années 50 et 60 et celles des années 70. Le mouvement est ainsi pluriel. Il se réinvente à tout moment, s’adapte à ses leaders, sa géographie et à son époque.

Là s’achève le chapitre sur le mouvement Emmaüs pendant les années 50 et 60. Le prochain résumé aura pour sujet les compagnons. Nous verrons que le compagnon change aussi suivant les époques et la situation
économique de la France.

 


Ces deux jours de formation ont eu pour but de développer en chacun de nous le sentiment d’appartenance au Mouvement d’Emmaüs.

  • L’équipe pédagogique

Brigitte Darin – salariée à Emmaüs-France – Responsable de formation – animatrice du stage.

  • Intervenants – Acteurs du Mouvement

Laurent Kaeuffer responsable Emmaüs Touraine cliquer sur les deux liens pour plus d’infos, ici et ici.

Philippe Laforge président chez EBS le Relais Atlantique et membre du CA Emmaüs-France.

Brigitte Richardot : branche action sociale et logement

Brigitte Mary : représentant d’Emmaüs international

Claire Faure : représentante SOS familles – Carmaux

Marie Palluel salariée à Emmaüs

La première demi-journée a été consacrée au personnage de l’abbé Pierre et à la création du Mouvement Emmaüs.

L’exposé nous a été présenté par Axelle Brodiez historienne – elle travaille sur les questions de pauvreté-précarité et les associations humanitaires et de solidarité du XXème siècle. Elle a notamment publié un livre intitulé : Emmaüs et l’Abbé Pierre (2009) aux Presses de Sciences-Po.